La pisciculture en République Démocratique du Congo, et particulièrement dans la province du Haut-Katanga, joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire locale. Dans une interview avec Hervé Kabambe, chercheur à l’Unité de Biodiversité et d’Exploitation des Zones Humides et Assistant à l’École de Pêche et d’Aquaculture de l’Université de Lubumbashi, il a faut un aperçu sur la situation actuelle de la pisciculture et des défis qu’elle rencontre.
Dans cette région où la demande en poisson est particulièrement élevée, la pisciculture devient une alternative indispensable pour fournir des protéines animales aux populations locales. Hervé Kabambe explique qu’environ la moitié des personnes interrogées consomment du poisson trois à quatre fois par semaine, ce qui témoigne de l’importance de cette ressource pour l’alimentation quotidienne. Cependant, malgré le potentiel considérable de la pisciculture pour répondre à cette demande croissante, plusieurs défis sont à relever.
L’un des principaux défis auxquels la pisciculture est confrontée dans le Haut-Katanga est la disponibilité des alevins. Depuis la fermeture des stations d’alevinage de l’État, il devient de plus en plus difficile de trouver des alevins en quantité suffisante et de bonne qualité. De plus, de nombreux fermiers manquent des compétences nécessaires pour bien maîtriser les techniques d’élevage du Tilapia. Cela conduit à une reproduction précoce des poissons, ce qui ralentit leur croissance.
Ce phénomène, connu sous le nom de « nanisme », résulte des croisements consanguins répétés et entraîne des effets néfastes sur la santé de la population.
Les infrastructures piscicoles elles-mêmes souffrent également de nombreuses failles. Les étangs sont souvent mal construits, les digues ne respectent pas les normes techniques, et les systèmes de vidange sont inadaptés. Ces facteurs compliquent la gestion des élevages et affectent leur rentabilité.
Pour l’Assistant à l’École de Pêche et d’Aquaculture de l’Université de Lubumbashi, il est essentiel de résoudre ces problèmes pour espérer un développement durable de la pisciculture dans la région.
Cependant, des initiatives ont été mises en place pour remédier à ces défis. Le gouvernement, à travers des projets tels que le Projet de Développement de la Pêche Artisanale et de l’Aquaculture du Katanga (PRODEPAAK), a apporté son soutien au secteur en renforçant les capacités locales en matière de gestion piscicole.
Par ailleurs, la formation reste une priorité : trois écoles de pêche et d’aquaculture ont été créées dans les universités de Lubumbashi, Kinshasa et Kisangani, ce qui permet à de nombreux jeunes de se former et de participer activement à la croissance du secteur.
Pour que la pisciculture devienne un moteur de développement véritablement durable dans le Haut-Katanga, il est crucial de résoudre les problèmes environnementaux, notamment la pollution de l’eau due aux activités minières.
Bien que l’eau soit abondante, elle est souvent contaminée, ce qui affecte la qualité des produits aquatiques. C’est un défi majeur, mais avec une gestion adéquate, des infrastructures améliorées et une meilleure maîtrise des techniques d’élevage, des solutions viables peuvent être trouvées.
La pisciculture joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire du Haut-Katanga en particulier et de la RDC en général. Avec l’expertise d’acteurs comme Hervé Kabambe et l’implication d’autres experts, il est possible de surmonter ces défis et d’ouvrir la voie à un avenir où la pisciculture contribuera pleinement au développement durable de la région.
Grâce-Léonie MUKALA