Depuis le début de ce mois d’octobre, le Projet d’Entreprenariat des Jeunes dans l’Agriculture et l’Agro Business (PEJAB), fait couler beaucoup d’encre et de salive sur la toile et dans les médias. Des jeunes entrepreneurs évoluant dans l’agrobusiness, incubés dans des centres sélectionnés dans la zone d’intervention de ce projet, se sont soulevés à Kinshasa et à Lubumbashi, pour dénoncer un présumé détournement des fonds destinés à leur financement.
Une conférence de presse de transparence, sans aucun élément de réponse
En réaction à ce mouvement de revendications, l’unité de coordination du PEJAB s’est hâtée de convoquer une conférence de presse le vendredi de la même semaine, sur une note rendue public via le compte X (twitter) du ministère de l’agriculture, en vue d’y apporter de la lumière.
Peu après la tenue de ce rendez-vous avec la presse à l’hôtel Memling de Kinshasa, les jeunes concernés firent une autre sortie médiatique pour démentir toute preuve présentée par le PEJAB. Ces derniers disent être déterminés à mener cette lutte, car selon eux, « le PEJAB n’est pas le premier projet à ne pas aboutir ». Ils sollicitent l’implication directe du président de la République et de l’inspection générale de finance (IGF). « Aucun jeune n’a été financé. Je suis accompagné de nos confrères du centre Agromaf de Kinshasa, dont certaines informations laissent croire qu’ils ont perçu des fonds de la banque, à la hauteur de 120.000 dollars américains, alors que ces derniers déclarent n’avoir rien reçu », a démenti Anthony Kabeya.
Et d’ajouter, « les personnes qui ont été présentées, en provenance du centre AGROMAF de Kinshasa comme bénéficiaires de ces fonds, leur sont totalement inconnues, cela veut dire qu’elles n’ont pas suivi la formation avec eux. Cette conférence de presse où aucun jeune agri-preneur n’a été permis de s’exprimer ne nous a apporté aucun élément de réponse », a dénoncé Anthony Kabeya lors d’une autre sortie médiatique.
Des révélations qui apportent la lumière
Interrogé par notre média, l’un des agri-preneurs qui a requis l’anonymat, déclare avoir servi de couverture au coordonnateur national du PEJAB, lors d’une séance d’identification des jeunes agri-preneurs incubés, en activité, sous la demande du ministre de tutelle.
« J’ai été contacté l’année dernière à 5h du matin par le coordonnateur national du PEJAB, me demandant de les couvrir lors d’une visite du ministre de tutelle. Il m’a prié de présenter mes activités personnelles à la délégation qui viendrait, comme l’un des jeunes financés par le fonds du PEJAB. Comme j’étais en activité, j’ai accepté et ils sont passés visiter mon site de production de Kasangulu avec le secrétaire général du ministère de l’agriculture, une équipe de la présidence et une équipe du cabinet du ministre. Je n’ai servi que de couverture, mais je n’ai reçu aucun rond de leur part », a confié ce jeune agri-preneur, tout en précisant que ce témoignage se trouve déjà en PV au niveau du ministère de tutelle depuis quelques jours.
Ce dernier craint d’être contraint à la longue, de rembourser une dette dont il n’a pas contracté.
Entre-temps, Richard Kialungila, Coordonnateur national du PEJAB nie tout détournement dénoncé par ces jeunes devant la presse. Il affirme, « la conception du processus de financement du projet d’entreprenariat des jeunes dans l’agriculture et l’agrobusiness, l’épargne du vol » et ajoute que « ce projet aurait déjà financé 11 jeunes », qui ne sont reconnus par aucune cohorte des agri-preneurs.
Le projet d’entreprenariat des jeunes dans l’agriculture et l’agrobusiness est une ébauche du gouvernement congolais, financé par la banque africaine de développement (BAD), ayant pour objectif, de promouvoir la création des entreprises par des jeunes diplômés, intégrées dans les filières agro-pastorales.
Ce financement est une dette qui, selon les accords, doit-être remboursée dans 30 ans par la RDC. Selon un rapport officiel de la BAD datant du 07 octobre 2024, 31% de cette somme sont déjà décaissés depuis 2018. Signalons que la date limite de décaissement des fonds est fixée au 31 décembre 2024.
À moins de trois mois de l’échéance, il est fait d’un faible taux d’absorption des fonds mis à la disposition de la RDC, alors qu’il est également fait des soupçons de détournement et de fraude par les gestionnaires du projet.
Linda Imbanda