La feuille de manioc ou pondu en lingala est un aliment très prisé à Kinshasa. Après avoir gagné du terrain dans les ménages de plusieurs provinces de la RDC, ce comestible a su se frayer une place tant dans les menus des restaurants de luxe que de fortune.
De couleur verte, le pondu (feuille de manioc) est un comestible qui exige beaucoup de temps, car, sa préparation engage plusieurs étapes, dont la plus importante est le broyage.
Autrefois fait seulement à la main, à l’aide d’un mortier et d’un pilon, la machine à broyer s’impose actuellement comme l’alternative la plus rapide pour gagner du temps.
Au marché de Rond point Ngaba, ce sont des jeunes gens comme Léon Kadima, qui raconte son expérience à nos reporters sur terrain, qui s’occupent de cette activité.
“Ça fait 4 ans que je me suis lancé dans cette activité, après avoir travaillé pendant plusieurs mois chez quelqu’un d’autre, ce qui m’a permis d’acquérir de l’expérience et de monter ma propre entreprise”, a déclaré Léon.
Agriboost : Ces machines, vous les achetez ou les fabriquez vous-même ?
Léon K : j’ achète les métaux auprès de l’entreprise Congo futur, le récipient s’il est en bois, ce sont les fabricants des mortiers qui nous les livrent. S’il est en plastique, je me procure les seaux dans les magasins. Puis, un ajusteur s’occupe de l’assemblage selon le plan que nous lui présentons.
Agriboost : comment fonctionnent ces machines ?
Léon K : J’utilise tous les jours le groupe électrogène parce qu’à Kinshasa, le courant électrique est un casse-tête. Toutes les fois qu’on a compté sur l’électricité, la Snel nous a trahi.
Agriboost : Quelle relation entretenez-vous avec les clients ?
Léon K : Comme tout marchand, je suis obligé d’être sympas avec tout le monde. Surtout que la plupart de mes clients sont des femmes, il y a des caprices à gérer en permanence. Je traite très bien ma clientèle, raison pour laquelle j’ai même des clients qui viennent de Mont-Ngafula.
Les conditions sanitaires du marché de Rond point Ngaba laisse à désirer; bien que manipulant des aliments, ces marchands travaillent dans la boue, en l’absence quasi totale de l’eau et de l’électricité. N’eut été la présence d’un forage privé à proximité, leur négoce n’aurait pas existé. Obligé de se procurer en eau à chaque moment de la journée, à un prix qui n’avantage pas leurs recettes, la quantité pour le nettoyage des légumes est souvent source de mésentente entre eux et leurs clients. “ La seule raison pour laquelle mes clients et moi ne nous entendons pas, c’est l’eau de nettoyage des feuilles de manioc. La quantité étant insuffisante, nous faisons de notre mieux pour servir tout le monde. Mais ce n’est pas toujours facile de dépenser 5 000 fc par jour pour l’achat de l’eau pour une recette variant entre 15 000 fc et 20 000 fc”, s’est-il plaint Léon Kadima.
Il a par ailleurs dénoncé les tracasseries des policiers et de quelques agents du bureau du marché, qui viennent en permanence déranger leur activité. A l’en croire, “ les taxes qu’ils paient ne servent à rien”.
Ce dernier voudrait que les taxes perçues régulièrement sur leurs négoces puissent servir à des fins utiles, telles que la propreté du marché ou la modernisation du marché.
Léon est un jeune homme qui avait des ambitions politiques, mais les circonstances de la vie l’ ont amené à devenir meunier. Ayant perdu tout espoir dans sa vision d’autres fois, il espère trouver des moyens nécessaires pour professionnaliser son métier.
Linda Imbanda