Alors que sept navires flambant neufs viennent d’être inspectés par le ministre de la Pêche et de l’Élevage, Jean-Pierre Tshimanga Buana, en Espagne, une question cruciale reste en suspens : qui les gérera ? Officiellement, la réponse est claire. Le Président de la République a confié cette mission à l’Office National de Pêche et d’Aquaculture (ONPA), à travers deux ordonnances présidentielles: l’une créant l’établissement public, l’autre nommant son comité de gestion.
Une flotte halieutique sans pilote légal ?
Pourtant, sur le terrain, l’ONPA semble totalement écarté. Une mise à l’écart institutionnelle préoccupante. Ni à Barcelone, ni à Boma, les mandataires de l’ONPA n’ont été associés aux délégations ministérielles qui n’étaient composées que des membres du cabinet du ministre. À Boma, Tshimanga Buana aurait annoncé que les bateaux seraient confiés à un « institut de pêche de Moanda », une structure dont le statut juridique et les compétences techniques restent flous.
Ce choix unilatéral soulève des interrogations majeures : quelle est la base juridique de cette redirection stratégique ? Qui est habilité à émettre des avis techniques sur ces navires ? Pourquoi ignorer l’institution créée par l’État pour cette mission précise?
Une gestion parallèle qui fragilise l’État
Étant une structure technique mandatée, l’écartement de l’Office national de pêche et Aquaculture (ONPA) dans la gestion des bateaux de pêche sans justification légale ne relève pas d’un simple oubli protocolaire, mais plutôt une atteinte à la cohérence institutionnelle.
Dans un secteur aussi stratégique que la pêche, la transparence et la redevabilité ne sont pas des options. Elles sont des exigences.

Politique ou technocratie ?
Si le gouvernement a investi dans ces navires, c’est pour renforcer la pêche nationale. C’est dans cette même perspective qu’a également été créée une structure publique pour les gérer. Écarter l’ONPA sans fondement clair revient à brouiller les responsabilités, fragiliser la chaîne institutionnelle, et compromettre la souveraineté alimentaire que ces bateaux sont censés incarner.
Linda Imbanda

