Augustin Matata Ponyo, Déogratias Mutombo et Grobler Christo Stephanus respectivement premier ministre honoraire, ancien gouverneur de la banque centrale du Congo et homme d’affaires Sud-africain, sont les trois prévenus concernés dans l’affaire de détournement de frais de fonctionnement du parc Agro Industriel de Bukanga-lonzo. Ces derniers, comme d’un commun accord, ne se sont pas présentés pour comparaître devant la cour constitutionnelle, à l’audience tenue ce mercredi 23 avril, qui consistait à tirer au clair les détails sur la gestion de ce projet gouvernemental ambitieux, qui s’est arrêté en si bon chemin.
Cette absence, déplorée par la cour constitutionnelle, a été qualifiée de sabotage et de moquerie à la plus haute juridiction du pays. « En tant que gestionnaire des deniers publics, Matata Ponyo doit répondre des faits infractionnels mis à sa charge. Nous insinuant que le prévenu Matata Ponyo est entrain de se moquer de la justice et c’est un comportement inacceptable.. », a déclaré Dieudonné Kamuleta, procureur général près la cour constitutionnelle.
Disparition des chiffres lourds révélés par les inspecteurs généraux de finances
Le rapport des inspecteurs généraux de finances désignés par le ministère public comme officiers de police judiciaire chargés des enquêtes de ce projet, a confirmé les accusations de détournement de deniers publics destinés à la gestion de Bukanga Lonzo, entre autres, la présence des sociétés fictives et non habilitées à sous-traiter ce grand projet. « Après des enquêtes menées sur le terrain et analyses des documents relatifs au projet du Parc agro industriel de Bukanga Lonzo avec l’équipe des inspecteurs que j’ai dirigés, nous avons amèrement constaté qu’il n’y avait aucune étude de faisabilité pour un si grand projet. Tout ce que nous avons trouvé, c’est un business plan qui ne renseigne pas grand chose sur la gestion du projet. Ayant remonté à la source pour reconstituer la situation de fonds, nous avons constaté qu’ à peu près 83% de fonds décaissés étaient envoyés dans le compte de Africom, une société holding sud africaine qui n’avait que 3 ans d’existence et ne pouvait démontrer aucune expertise dans la construction et l’aménagement d’un parc agricole », a déclaré Thierry Mutombo Kalonji, inspecteur général, chargé du dossier.
Pour avoir un aperçu plus clair sur les chiffres, l’inspecteur Désiré Wangi Bolokonge, qui occupe la fonction de chef des brigades, des recettes, des organismes et des services non-fiscaux à l’IGF, s’est chargé de présenter le rapport d’analyse qu’ils ont effectué lors de leurs enquêtes. Un rapport qui révèle entre autres, 312 millions de dollars américains avaient été ordonnés au départ du projet, dont 285 millions décaissés par le trésor public, et 1 million cent mille dollars américains par le Fonds de promotion de l’industrie (FPI).
Quant aux importations, il a été remarqué que toutes les factures ont été délivrées par les sociétés du groupe Africom et ont été élaborées par les mêmes personnes parmi lesquelles figurent le prévenu Grobler Christo.
Parmi les dossiers que le groupe Bolloré a mis à la disposition de l’IGF, figuraient des factures des sociétés d’origine d’acquisition des marchandises pour le parc, qui ont été remplacées par celles du groupe. Ces documents présentent une surfacturation des marchandises allant jusqu’à 15%.
Matata Ponyo et ses co prévenus face à 20 ans de travaux forcés
Après l’audition de la déposition des inspecteurs qui ont enquêté sur l’échec du projet Parc agro industriel de Bukanga Lonzo, le procureur général près la Cour constitutionnelle a requis 10 ans de travaux forcés et de servitude pénale contre Matata Ponyo et ses co prévenus. La cour constitutionnelle a également ordonné l’arrestation immédiate de l’ancien Premier ministre, qui est sanctionné à 10 ans d’inéligibilité.
Quant à ses co accusés dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo, celui-ci encaisse 5 ans d’inéligibilité ainsi que l’expulsion immédiate du territoire national de Grobler Christo.
Linda Imbanda