Dans les marchés animés de Kinshasa, parmi les étals colorés regorgeant de légumes et de fruits tropicaux, une petite denrée attire les regards et enflamme les papilles: le piment. Bien plus qu’un condiment, ce produit est au cœur d’une filière méconnue qui, malgré ses défis, pourrait devenir un véritable levier économique pour la République Démocratique du Congo.
La culture du piment en RDC reste artisanale, pratiquée essentiellement par des petits producteurs qui approvisionnent les marchés locaux. Pourtant, le potentiel de cette filière est immense: la demande mondiale en piment ne cesse d’augmenter, et certaines variétés africaines séduisent par leur intensité et leur arôme unique.
En effet, cette épice est de plus en plus présente dans les sauces, les condiments et les plats préparés, ce qui représente un énorme avantage de la filière pour la RDC sur l’échelle mondiale.
Défis de la filière
La filière rencontre des défis de plusieurs ordres. Manque d’infrastructures adaptées freine la production à grande échelle, difficultés de transformation et d’exportation autant de défis auxquels le secteur est confronté. Pendant ce temps, les producteurs souffrent d’un accès limité aux semences de qualité et aux techniques agricoles modernes.
En parallèle, le piment fait face à une perception ambiguë: si certains le considèrent comme un produit de luxe, d’autres le négligent au profit de cultures plus conventionnelles comme le manioc ou le maïs, dont la demande au niveau national est beaucoup plus permanente.
Des initiatives gouvernementales gelées
Plusieurs initiatives gouvernementales autour de la filière piment restent quand même en gèle. On peut citer notamment le projet de transformation et d’exportation de cette denrée mis en place en 2023 par le ministère de l’industrie au niveau de la zone économique spéciale de Musienene dans le territoire de Lubero au Nord-Kivu, ainsi que celle de Maluku, à l’Est de la ville province de Kinshasa.
Par ailleurs, quelques coopératives locales tentent de structurer la filière, offrant aux producteurs des formations et des débouchés sur les marchés internationaux. Certains responsables ongolais et des entrepreneurs valorisent également le piment comme un produit phare de la gastronomie nationale, avec l’ambition de le positionner aux côtés des plus grandes épices du monde.
L’avenir du piment congolais se joue entre les mains des acteurs du secteur, du gouvernement et des investisseurs. Si cette filière est strictement développée, cette épice pourrait devenir une signature culinaire incontournable, exportée aux quatre coins du monde.
Linda Imbanda