Kinshasa, ex Léopoldville depuis 1966, est l’une des villes les plus bouillantes de la République Démocratique du Congo. Lieu de commerce et centre de consommation, elle reçoit des provinces de l’arrière du pays, plus de denrées alimentaires qu’il n’en produit. Marqué par la démographie exacerbée par l’exode rural, ainsi qu’un taux élevé de chômage, Kinshasa ne cesse d’attirer des investisseurs qui élèvent des édifices et redorent un tant soit peu, cette image de Cité-poubelle qu’elle a toujours représentée à l’échelle mondiale.
C’est à cause de ces infrastructures que la plupart des jeunes paysans, renoncent à la houe et au filet, s’embarquent dans les camions et baleinières, parfois dans les conditions très précaires, à la recherche d’une vie meilleure (selon eux).
A destination, les rêves ne rencontrent pas toujours la réalité. Tout comme au village, la survie dépend des efforts fournis, mais cette fois, avec une dose de cherté de la vie. La plupart de ces jeunes qui fuguent des villages n’étant pas détenteurs des diplômes scolaires ou académiques, recourent aux services de transport des marchandises à la mains et au chariot, ou encore se contentent de faire de petits commerces, notamment la vente des denrées alimentaires à la criée, les longs des asphaltes.
C’est au péril de leurs vies que ces jeunes gens, dont l’âge varie entre 14 et 30 ans, se faufilent sans craintes entre les véhicules en mouvement, sur les artères de la ville province de Kinshasa, à la quête de ce que personne ne peut s’en passer au 21e siècle, l’argent. Selon les témoignages de certains d’entre eux rencontrés sur les arrêts de bus du boulevard Lumumba et la route poids lourd, la conscience du danger est permanente mais leur courage prend le dessus sur leur peur.
« Nous avons vu plusieurs confrères mourir écrasés par des véhicules en courant après un client, toutefois, d’une manière ou d’une autre, la mort finit par nous prendre. Le plus important, c’est d’être courageux et d’assurer son indépendance financière », a déclaré Lidjo Kwempe, vendeur d’eau en sachet, originaire de la province du Kongo central.
A en croire François Emangi, par cette manière de vendre, la perte est l’une de choses auxquelles ils s’attendent en permanence. Les clients étant les chefs, exigent recevoir le produit avant la paie. “ Nous perdons parfois nos bénéfices à cause des chauffeurs qui ne sont pas courtois avec nous; un client peut commander à bord, juste au moment où le receveur donne le départ au conducteur, c’est pourquoi vous nous voyez courir entre les véhicules pour récupérer ce qui nous est dû. Mais malgré ça, il y a quand même des clients à bord qui s’en vont avec la marchandise et l’argent.”, nous a confié François Emangi.
Questionnés pour savoir s’ils souhaiteraient rentrer dans leurs provinces respectives pour faire la même activité ou celle d’autres fois, la plupart dont Jean Wembolonga ont répondu oui, mais à condition que le gouvernement améliore la qualité de vie dans leurs agglomérations.
Linda Imbanda