Depuis deux ans, la pêche de la sardinelle a drastiquement chuté. Si jusqu’en 2020 les captures tournaient autour de 200 000 tonnes par an, aujourd’hui c’est plutôt 100 000 tonnes, selon un article signé par quatre chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Les acteurs du secteur de pêche et chercheurs s’inquiètent de la raréfaction galopante de la sardinelle au Sénégal et de son impact sur l’économie. Des pêcheurs locaux retirent leurs filets de pêche de l’eau à Joal, au Sénégal, où la population est sensibilisée à l’importance de sauver les espèces menacées, qui régulent l’écosystème et contribuent à maintenir l’abondance des poissons.
Sur le plan économique d’abord, les pêcheurs confrontés à une raréfaction du poisson qu’ils vendent le plus, voient leurs revenus baisser, ce qui expliquerait en partie la forte augmentation des départs clandestins de pêcheurs vers l’Europe ces derniers mois, selon Aliou Ba, responsable de la campagne océan à Greenpeace Afrique.
Mais l’impact est aussi et surtout social. Si la pêche ne représente que 3,5% du produit intérieur brut (PIB), elle emploie 600 000 personnes, soit près de 17% de la population active, une population qui peine de plus en plus à vivre de cette activité. Autre conséquence, le prix des sardinelles a été multiplié par cinq au fil des mois, devenant de moins en moins accessible pour la majorité des foyers sénégalais alors que 70% des protéines animales sont traditionnellement fournies par le poisson au Sénégal.
Pour rappel, une coalition nationale de pêcheurs a rédigé une charte pour une pêche durable en fin janvier. Parmi les treize demandes, celle d’interdire l’exportation des petits pélagiques, type de sardinelle afin de les réserver au marché local, tout comme celle de geler l’octroi de nouvelles licences de pêche alors que les ressources sont surexploitées.
Pour l’heure, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye a prévu de revoir l’accord de pêche qui le lie à l’Union européenne et qui se termine cette année. De son côté, l’ONG Greenpeace, appelle l’État à initier un audit du pavillon sénégalais. Depuis plus de quatre ans, les pêcheurs attendent toujours une liste détaillée des navires autorisés à pêcher en eau sénégalaise.
Stéphane Mampuya.