La République du Sénégal a célébré le 03 avril dernier, sa fête de l’indépendance. A l’occasion, le nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, a évoqué les grandes orientations de sa politique, en rupture complète avec son prédécesseur Macky Sall. Il a affiché sa volonté de réformer le secteur de la pêche en négociant notamment les accords de pêche avec l’Union Européenne rectifiés en 2020.
Ces accords assurent pendant cinq ans aux européens des possibilités de pêche au thon pour 28 thoniers senneurs congélateurs, dix canneurs et cinq palangriers battant les pavillons de l’Espagne, du Portugal et de la France, dans la limite de capture de 10’000 tonnes par an.
Ils permettent également l’accès aux eaux sénégalaises de deux chalutiers espagnols avec le droit de pêcher 1750 tonnes de poisson. 17% de la population active du Sénégal, soit 600 000 personnes, vivent directement ou indirectement de la pêche. Mais la surpêche industrielle pratiquée dans les eaux sénégalaises est telle que les poissons se font rares, au grand désespoir des pêcheurs locaux qui sont privés de leur gagne-pain et sont contraints parfois de prendre le large pour rejoindre les îles Canaries.
La surexploitation des ressources halieutiques est en partie liée aux accords signés avec l’Union Européenne, qui permettent à des bateaux sous licence européenne de pêcher dans la zone exclusive du Sénégal.
Chaque année, ces navires repartent avec 10 000 tonnes de thon et 1 700 tonnes de merlu noir contre 3 millions d’euros que l’Europe reverse en contrepartie à Dakar.
Les pêcheurs sénégalais accusent ces immenses chalutiers de venir trop près de leurs côtes et de piller littéralement leurs fonds, d’autant plus qu’ils récupèrent dans leurs filets des petits poissons comme des sardines ou des anchois qui nourrissent la population locale.
Le nouveau président du Sénégal veut donc réserver les 12 premiers milles marins, soit environ 20 kilomètres depuis le littoral, aux pêcheurs artisanaux pour éloigner les bateaux industriels et redonner la priorité aux pires guerres.
Stéphane Mampuya