Lancé depuis le lundi 24 juillet 2024, ce troisième jour du marché agricole de Bilanga ya Betu (MAGRIC BYB) a connu la participation des personnes vivant avec handicap, exerçant le métier d’agriculteurs en République Démocratique du Congo.
C’est au deuxième panel, après celui de l’ONAPAC que M. Jean-Claude Ngikulu, évoluant dans l’élevage, est intervenu sur la thématique “Etre handipreneur (e) agricole (entrepreneur agricole vivant avec handicap) à Kinshasa”.
Dans son intervention, il a indiqué qu’un handipreneur est “toute personne présentant des incapacités physiques, intellectuelles mentales, sensorielles ou visuelles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut causer des obstacles dans sa participation dans la société sur la base des inégalités avec les autres personnes”.
Ayant perdu ses fonctions orales et auditives à l’âge de deux ans, puis l’usage de sa jambe droite à l’adolescence, Jean-Claude a loué la bravoure de son père qui l’a initié à l’activité maraîchère à son jeune âge. Car c’est grâce à elle qu’il est utile aujourd’hui dans la société malgré son handicap.
De son côté, Serge Mbay, coordonateur de Bilanga ya Betu, a mis l’accent sur la discrimination que subissent les personnes vivant avec handicap en RDC, tant au niveau de la société civile que des institutions publics.
“ Dans mon étude, j’ai pris contact avec les ministères de l’agriculture et celui de la formation professionnelle, pour savoir s’ils avaient une politique pour des personnes vivant avec handicap. Ils m’ont répondu que leur approche est globale dans les mêmes conditions et les mêmes chances, et pourtant il y a parmi les personnes qui sont défavorisées”, a-t-il déploré. Et d’ajouter, “ le ministère de l’agriculture nous a répondu que leurs bailleurs de fonds ne mettent un accent que sur les femmes et les jeunes”.
Pour M. Serge, les institutions publiques devraient avoir une politique spéciale pour ces personnes, puisque leurs conditions sont souvent regardées comme une charge auprès des employeurs. “Ils devaient être soutenus et accompagnés”, a-t-il poursuivi.
Toujours au cours de ce panel, l’assistance a été édifiée par Mme Sophie NGALULA, agripreneur vivant avec handicap visuel, présidente du centre Bartimée, spécialisé dans l’encadrement des personnes vivant avec handicap.
“ Quand je suis devenue non-voyante en 2012, j’ai réalisé que la vie continuait et que la nécessité alimentaire demeurait. Après réflexion, j’ai convaincu mes confrères aveugles mendiants sur le boulevard de nous mettre ensemble pour nous nourrir nous-mêmes et nourrir également les autres”, a-t-il expliqué.
Aujourd’hui avec leurs activités, ces malvoyants nourrissent plusieurs ménages dans la ville de Kinshasa.
En exposant l’activité de ces handipreneurs, la communauté Bilanga ya Betu a fait voir aux yeux des kinois et du monde, que l’handicap n’est rien d’autre qu’une condition.
Linda Imbanda