L’occupation d’une grande partie du territoire de Rutshuru par les rebelles du M23 complique la vie socio-économique de la population locale. Cette situation entrave la commercialisation des produits agricoles, contraignant les agriculteurs à emprunter des moyens de transport coûteux, notamment le recours à des motos, ce qui engendre des coûts de transport élevés.
À en croire les témoignages recueillis auprès de la population locale, un sac de maïs qui se négociait auparavant à 40 dollars américains se vend actuellement entre 10 et 15 dollars américains, soit une baisse considérable de la valeur de ces produits essentiels. Ce, compte tenu des exigences des acheteurs qui font le calcul sur le coût de transport à payer.
Des notables de la région ont confirmé cette situation, soulignant que cette crise économique a de plus en plus des conséquences néfastes , dont le non écoulement des produits agricoles faute d’acheteurs, ce qui entraîne le pourrissement des récoltes dans les champs, aggravant ainsi la détresse des producteurs.
Aimé Mbusa Mukanda, notable de la région, a exprimé son inquiétude quant à l’impact négatif de cette crise sur la population de cette partie de la province du Nord-Kivu. Il a souligné que l’interdiction du trafic des véhicules entre Goma et Rutshuru ainsi que Rutshuru et le Grand-Nord de la province, émanant des autorités congolaises depuis l’occupation par le M23, a contribué à cette situation précaire.
Il a également souligné le manque d’infrastructures de stockage adéquates, tels que des silos, pour conserver les produits agricoles, entraînent ainsi des pertes importantes pour les producteurs qui se voient contraints de vendre leurs récoltes à des prix dérisoires. De plus, le transport des produits vers Goma par des moyens alternatifs tels que les motos engendrent des coûts élevés, aggravés par les multiples tracasseries routières.
Face à cette crise économique sans précédent, il est impératif que le gouvernement congolais redouble d’efforts pour rétablir la sécurité et restaurer l’autorité de l’État dans toutes les zones sous occupation. Une telle action permettrait la reprise des activités commerciales et le rétablissement des flux commerciaux sur l’ensemble de la province, offrant ainsi un espoir de relèvement pour les agriculteurs et la population locale.
Stéphane Mampuya