À Tshibanda, un petit village du territoire de Kananga, au cœur du Kasaï Central, une femme fait bouger les lignes de l’agriculture rurale. Justine Kabamba, la quarantaine révolue, mère de cinq enfants, et présidente du groupe des femmes « tshilejelu ya basasi », “la force des femmes” en tshiluba.
Fatiguée de vendre le manioc brut à des prix dérisoires, Justine a mobilisé quinze autres femmes du village pour créer une unité artisanale de transformation du manioc en farine améliorée, baptisée “Foufou ya basi”.

Grâce à un petit appui matériel reçu d’une ONG locale, elles ont pu acquérir un moulin, des tamis et des sacs d’emballage réutilisables.
Aujourd’hui, leur petite unité transforme près d’une tonne de manioc par semaine, revendue dans les marchés de Kananga et des villages environnants. Le produit est reconnu pour sa qualité et sa propreté, et leur activité est devenue une source de fierté locale.
« Avant, je vendais dix bassines de manioc pour 20.000 francs. Aujourd’hui, avec la transformation, je gagne trois fois plus et mes enfants vont à l’école sans retard de paiement de frais scolaire. Nous avons compris que la valeur ajoutée c’est notre indépendance », explique-t-elle sourire aux lèvres.
Au-delà des revenus, ce projet a créé 15 emplois féminins permanents, renforcé la solidarité entre les femmes du village et inspiré de nombreuses jeunes filles à envisager l’agriculture autrement.

Le groupe prépare désormais la production d’une farine enrichie au soja et au maïs, pour améliorer la nutrition des ménages et élargir leur marché.
L’histoire de Maman Justine rappelle une vérité simple : l’autonomisation économique des femmes rurales commence là où elles se trouvent, avec ce qu’elles ont. Et c’est souvent au village que naissent les plus belles révolutions agricoles.
Junior TSHIKA, Correspondant à Kananga

