L’agriculture en République Démocratique du Congo (RDC) se trouve à la croisée des chemins, oscillant entre les immenses potentialités et les défis persistants. Alors que le pays jouit d’une terre fertile et d’un climat favorable à une diversité de cultures, le secteur peine encore à nourrir sa population et à contribuer significativement à l’économie nationale.
Les récentes activités du secteur mettent en lumière, les efforts considérables et encourageants du Ministre d’État, ministre de l’agriculture et sécurité alimentaire, Grégoire Mutshail Mutomb, pour l’émergence du secteur agricole. Ses initiatives signalent une volonté politique de valoriser certaines régions pour leur potentiel.
Actions marquantes
Grégoire Mutshail a initié des projets visant à doter les agriculteurs d’outils numériques émergents, promettant une modernisation progressive des pratiques agricoles, à l’instar du protocole d’accord signé avec la société chinoise, Hunan Linshi Agricultural Service.
Cette coopération agricole visant à faire bénéficier aux jeunes agronomes congolais des opportunités agricoles, en les aidant à améliorer la technologie agricole et à les professionnaliser, eux ainsi que tout le personnel du ministère de l’agriculture et sécurité alimentaire.
La collaboration avec Lukas Holland, une firme turque spécialisée dans la fabrication des matériels agricoles, des silos de stockage et montage des usines ainsi que d’autres équipements de transformation des produits agricoles. Une initiative qui vient dans le cadre d’améliorer les conditions de travail des acteurs agricoles.
A cela, il faut ajouter les ateliers lancés les mois derniers, à l’instar de l’atelier du projet d’élaboration de la stratégie nationale de l’irrigation en RDC, l’atelier du projet de formulation de la stratégie nationale de développement de l’irrigation en République démocratique du Congo (SNDI-RDC) à Kinshasa. Par ces actions, Grégoire Mutshail met en lumière l’ambition de la RDC de devenir un acteur majeur dans l’alimentation de l’Afrique.
Difficultés existentielles
Malgré tous les efforts du Ministre, le secteur agricole au Congo Kinshasa est assombri par des difficultés considérables. L’insécurité persistante dans l’est du pays continue de déplacer des populations et d’empêcher les agriculteurs de cultiver leurs terres, entraînant une insécurité alimentaire croissante, comme en témoigne la situation alarmante dans le Nord-Kivu.
Les conflits fonciers exacerbent la précarité des agriculteurs qui tentent de retourner à leurs champs après avoir fui les violences. Les inondations récentes dans l’est du pays ont également causé des pertes matérielles et en vies humaines importantes, affectant durement les communautés agricoles à des moments cruciaux des semailles.
Réformes du secteur
Face à ces enjeux, des voix s’élèvent pour des réformes structurelles en vue d’un développement durable de l’agriculture congolaise. La structuration du secteur à travers le zonage et le cadastre agricole apparaît comme une étape essentielle pour une planification efficace et l’attraction d’investissements.
La campagne agricole 2024-2025 lancée avec la promesse de moyens importants mis à disposition des provinces devra être suivie de près pour évaluer son impact réel sur le terrain.
L’agriculture en RDC est un secteur vital au potentiel immense, mais qui nécessite une attention soutenue et des actions concertées. Il est impératif de garantir la sécurité des populations rurales, de faciliter l’accès à la terre et aux intrants agricoles, de promouvoir la modernisation des techniques et de mettre en œuvre des politiques agricoles cohérentes pour que le pays puisse enfin réaliser son ambition de nourrir sa population et de contribuer à la sécurité alimentaire régionale.
La « revanche du sol sur le sous-sol » tant évoquée, ne deviendra réalité qu’à travers un engagement politique fort et des investissements judicieux dans ce secteur clé, tout en promouvant une agriculture durable, respectueuse de l’environnement.
Medy Lapatsh