Le Ministre provincial de la Santé de Kinshasa, Dr Patricien Gongo, a récemment annoncé une série de mesures strictes pour freiner la propagation des maladies liées à l’insalubrité alimentaire. Ces mesures visent à encadrer rigoureusement la vente et la manipulation des denrées alimentaires dans la capitale.
Un ultimatum d’un mois, soit du 1er au 30 octobre 2025 a été accordé aux vendeurs, commerçants ambulants et transporteurs de produits alimentaires pour se conformer aux nouvelles exigences sanitaires. Passé ce délai, toute infraction sera passible de sanctions, conformément aux dispositions légales en vigueur.

L’information a-t-elle atteint les concernées ?
C’est la question cruciale. Malgré le caractère officiel et rigoureux de la décision, une descente sur deux marchés de Kinshasa menée par les reporters d’Agriboost.info révèle un constat alarmant : sept femmes vendeuses sur dix ignorent totalement ces mesures.
Celles qui en ont entendu parler doivent avoir reçu l’information des proches. Valentine Nyembo, vendeuse de fruits au marché de l’UPN, confie : « J’ai un enfant journaliste, c’est elle qui m’a parlé de cette décision du ministre de la Santé et m’a demandé de prendre des précautions ».
D’autres, en revanche, dénoncent une absence totale de communication officielle et une brutalité dans l’application des mesures : « On ne voit jamais personne venir nous prévenir. Même si c’est pour le bien-être de tous, nous avons le droit de connaître les décisions avant que la police ne vienne jeter nos affaires et les piétiner. C’est notre seule source de survie », déplore Blandine Komose, vendeuse à Matadi kibala.

Fossé communicationnel et nécessité de vulgarisation
Ces témoignages révèlent un grand fossé communicationnel existant entre l’État et la société. Kinshasa compte une forte proportion d’analphabètes, dont la majorité vit sous le seuil de pauvreté. Ces derniers sont souvent ceux qui exercent les commerces des rues. Les langages administratifs et les canaux de diffusion utilisés par l’État n’atteignent pas efficacement cette frange de la population.
Il est donc essentiel que l’État congolais, après avoir informé les populations alphabétisées, développe des stratégies de vulgarisation adaptées à cette couche de la population, celle des vendeuses de marché, des commerçants ambulants, et des travailleurs informels, les oubliés de la communication officielle, en vue de faciliter une adhésion communautaire à ces mesures censées améliorer le vécu des Kinois.

Respect des la vie humaine dans l’exécution des mesures
Le gouvernement est appelé par ailleurs à instruire les policiers et les agents qui seront déployés sur le terrain pour l’exécution de cette mesure, de faire preuve de professionnalisme, mais surtout de respect des biens d’autrui et de la vie humaine.
Linda Imbanda

